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Théâtre 3ème A,B,D : "Michelle, doit-on t'en vouloir d'avoir fait un selfie à Auschwitz ?"

Par EMILIE NALLET, publié le mercredi 11 décembre 2024 10:34 - Mis à jour le mercredi 11 décembre 2024 10:34
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Le jeudi 28 novembre, trois classes du collège de la Plaine de l'Ain se sont rendues à l'espace Vaugelas de Meximieux pour assister à la représentation de « Michelle, doit-on t'en vouloir d'avoir fait un selfie à Auschwitz ? » de la compagnie Nandi à partir du texte de Sylvain Levey.

A l'issue de la représentation les élèves de 3B ont été invités à s'exprimer sur ce spectacle, notamment sur les émotions qu'ils ont pu ressentir. Voici une synthèse de leurs textes.

En moyenne, ils ont attribué 3,8 étoiles sur 5 à la pièce.

Ils ont mis en avant beaucoup de sentiments, soit parce qu'ils les ont observés dans le jeu des acteurs, soit parce qu'ils les ont directement éprouvés lors de la représentation. 

Lorsqu'ils expriment leurs émotions, ils citent souvent la scène se déroulant au camp d'Auschwitz comme étant leur préférée, notamment lorsque les comédiens égrènent les noms des personnes déportées disparues. Ils ont été très sensibles au devoir de mémoire « on ne doit pas oublier ». Ils ont également été émus, et attristés, devant la détresse de Michelle qui a reçu des milliers de commentaires et d'insultes suite à son selfie à Auschwitz, en pull rose et tout sourire. Ils ont été sensibles à la tristesse de la mère devant la souffrance de sa fille, mère qui avait autant qu'elle « besoin de soutien moral ». Plusieurs ont été bouleversés par l'apparition du fantôme du père qui vient prendre Michelle dans ses bras pour la réconforter.

Ils ont également ri, lors des scènes dans le bus, « ils étaient tous sur leur téléphone, faisaient des blagues, se chamaillaient et étaient heureux de faire ce voyage ». Ils ont apprécié ces « moments drôles » comme les scènes lors desquelles il y a eu une intéraction avec le public, scènes qui les ont « impressionnés », ils ont apprécié et ont eu l'impression qu'on les « faisait participer ».

Ils ont diversement réagi aux échanges de messages et il est révélateur qu'ils aient constaté que ces sonneries intempestives étaient gênantes. Gêne éprouvée également lors de l'émission télévisée. « Le présentateur paraissait étrange, les musiques et l'ambiance étaient malaisantes, comme les masques ». « Ils nous transmettaient bien la gêne qu'a pu éprouver Michelle par leurs actes dérangeants ».

Ils ont analysé les éléments de décor, parfois un seul objet figurait des espaces, comme la « simple porte  qui faisait apparaître une chambre ». « Quand il y a moins de choses à regarder on se concentre plus sur ce qu'on voit ». « J'ai trouvé très ingénieuse l'idée que les bancs à bascule deviennent les rails d'Auschwitz ». Ils ont éprouvé de la perplexité devant ce qu'ils ont tous compris comme de la « neige ». Ils ont senti qu'il y avait là une signification, ils ont perçu qu'il s'agissait d'un « moment symbolique ».

Les passages chorégraphiés les ont fait réagir. « Les danses sont une manière de s'exprimer autrement », elles « permettent à la pièce de s'animer et de vivre ». « Leurs danses étaient rapides, les mouvements se répétaient. Les lumières clignotaient à toute vitesse et la musique s'est accélérée. J'ai eu des frissons tellement la danse était intense ».

L'utilisation de la lumière dans la mise en scène a également retenu leur attention. Ils ont trouvé que « les couleurs des téléphones qui s'allumaient exprimaient les émotions de Michelle ». « La musique triste, les éclairages sombres (…) j'avais l'impression de ressentir toute la tristesse du spectacle ». « Cela donnait une autre ambiance et on arrivait plus facilement à percevoir les émotions et ressentis des personnages ».

A la question « doit-on en vouloir à Michelle ? », ils ont répondu non à la grande majorité, mais parfois oui et parfois « oui et non ». « Après avoir vu la pièce je pense qu'il faut lui en vouloir mais moins ». Ils ont trouvé Michelle jeune et naïve, nombreux ont exprimé de l'empathie et de la compassion lorsqu'elle reçoit des messages de haine, y compris des élèves qui pensent que oui, il faut lui en vouloir. « Si cette photo était destinée à sa mère elle aurait dû la lui envoyer à elle et pas la poster sur les réseaux sociaux ». Ils ont relevé « la vitesse et l'enchaînement des scènes » après l'envoi du selfie. « Cela représente bien que sur les réseaux tout va vite, on ne peut rien supprimer une fois posté, on ne peut plus faire marche arrière ».

Quant à nous, enseignantes, nous avons partagé toutes ces émotions et, au plaisir de la pièce, s'est ajouté celui de voir le leur. En les lisant, nous avons été émues de découvrir leurs émotions en miroir des nôtres, contentes des liens qu'ils avaient faits, et souvent assez bluffées par leur bonheur devant le spectacle vivant. Quand lumière, danses, textes, décor tout est « accordé », « en harmonie » , « combiné et rend la scène exceptionnelle ».